Joan Stavo-Debauge

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Joan Stavo-Debauge est sociologue, chercheur au Laboratoire de sociologie urbaine de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (LaSUR-EPFL) et associé au Centre d’étude des mouvements sociaux (CEMS-EHESS) et au Laboratoire de sociologie de l’Université de Lausanne (THEMA-UNIL). Ses travaux portent notamment sur l’hospitalité, sur John Dewey ou encore sur les théories postséculières et les religions dans l’espace public. Il est l’auteur de Le Loup dans la bergerie(2012), Quel âge post-séculier ? (2015), Qu’est-ce que l’hospitalité ?(2017) et vient de traduire et d’introduire un recueil de textes de John Dewey, Écrits sur les religions et le naturalisme (2019).

joan.stavo-debauge@epfl.ch

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Qu'est-ce que l'hospitalité ?

Recevoir l'étranger à la communauté

By Joan Stavo-Debauge

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Available at:

http://www.editionsliber.com/catalogue.php?p=827

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Autres publications de Joan Stavo-Debauge en bas de page

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Proposition pour le colloque « Hospitalités, Hostilités : récits et représentations »

 

De l’hospitalité comme d’une qualité des environnements et des infrastructures : Bruxelles et Genève sous l’œil de nouveaux venus précaires

 

Joan Stavo-Debauge (LaSur-EPFL, CEMS-EHESS, THEMA-Unil), Luca Pattaroni (LaSur-EPFL), Maxime Felder (LaSur-EPFL), Marie Trossat (LaSur-EPFL, Metrolab Brussels), Guillaume Drevon (LaSur-EPFL)

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Dans notre communication, nous reviendrons sur l’état d’avancement d’un projet de recherche FNS, intitulé « (in)hospitalités urbaines ». Faisant fond sur de précédents travaux consacrés à l’hospitalité (Breviglieri, Pattaroni, Stavo-Debauge, 2004 ; Stavo-Debauge, 2009 ; 2014 ; 2017 ; 2018a & b), cette enquête collective et comparative s’intéresse aux épreuves rencontrées par les nouveaux venus dans les tous premiers temps de leur commerce avec les villes de Genève et de Bruxelles, lorsqu’ils tentent d’y « prendre place » (Pattaroni, 2016), malgré leur précarité, à la fois statutaire et financière, dans un climat politique qui peut être passablement hostile à leur présence. 

 

Plutôt que d’appréhender l’hospitalité comme une « vertu » personnelle, de la découper le long d’une échelle juridico-spatiale (Agier, 2018), de la saisir à partir de la problématique, certes riche, des « frontières » (Deleixhe, 2016 ; Boudou, 2018), on la traitera comme une « qualité » des environnements (Stavo-Debauge, 2009 ; 2017 ; 2019 ; 2020 ; Stavo-Debauge, Deleixhe & Carlier, 2018), ce qui nous rend attentif à leurs reliefs et textures, à leurs équipements matériels et aux « épreuves » qui les « formatent » et en conditionnent l’usage (Boltanski & Thévenot, 1991 ; Thévenot, 2006 ; Thévenot & Karéva, 2028 ; Breviglieri, 2018 ; Pattaroni, 2020). 

 

Ainsi posée, la question de l’hospitalité ne regarde plus seulement le franchissement de seuils, elle ne consiste plus uniquement à faire un relevé des frontières qui excluent et mettent à part. En effet, elle revient plutôt à évaluer les différents « milieux d’hospitalité » qui se constituent et s’actualisent dans l’expérience (heureuse ou malheureuse) de la venue à la ville, qui fournit ou non de quoi parvenir à rester, en s’y ouvrant l’espace d’un séjour et en y trouvant les moyens d’un « habiter » (Breviglieri, 2006). Tissés de ressources matérielles et conventionnelles tout autant que de transactions sociales, ces « milieux d’hospitalité » conditionnent des expériences qui vont de la simple survie dans l’urgence jusqu’à des recompositions d’un mode de vie plus soutenable.

 

Après avoir rappelé la singularité de notre approche de l’hospitalité, nous indiquerons de quelles façons nos ethnographies nous ont ainsi amené à questionner les études sur les « infrastructures d’arrivée » (Felder, Stavo-Debauge, Trossat, Pattaroni, Drevon, 2020) : (i) d’abord en resserrant la focale sur des lieux précis de la ville autant qu’en l’étendant pour saisir plus globalement les territoires où se jouent la venue ; (ii) ensuite en éclairant la double face à la fois hospitalière et inhospitalière des infrastructures, environnements, contacts sociaux et choses mis à disposition des nouveaux venus ou aménagés par ces derniers. Munis de nombreux exemples, on montrera la variété des appuis matériels, des dispositifs publics et privés mais aussi des « interstices » que les nouveaux venus parviennent à investir. En sus, on rappellera également que tous ne cherchent pas à s’installer ; soit parce que la ville est pour eux lieu de « transit » (Djigo, 2016) plus que d’arrivée, soit parce que l’hostilité ou les épreuves dressées sur leur chemin les ont amenés à ajourner leur installation et à se remettre en mouvement – impossibilité à rester qui vaut alors comme une indéniable épreuve d’inhospitalité. 

 

Parmi les différents environnements sur lesquels on s’arrêtera, on ne s’occupera pas seulement des formules de logement ponctuel et des dispositifs d’hébergement temporaire, à « l’habitabilité » (Breviglieri, 2006) souvent limitée. En effet, on s’intéressera aussi aux aménagements urbains et aux aménités des parcs et lieux publics ou semi-publics, qui s’avèrent également plus ou moins hospitaliers aux usages des nouveaux venus, réfugiés ou exilés. Nous serons ainsi attentif à la carrière et aux transformations matérielles du Parc Maximilien et de ses entours immédiats à Bruxelles entre 2015 et 2019 (Deleixhe, 2018 ; ARCH, 2019), que l’on contrastera avec la faible occupation de sites similaires à Genève, où la politisation de l’hospitalité s’est élevée tout différemment (Del Biaggio & Rey, 2017) et avec un moindre succès. 

 

Agier M., 2018, L’étranger qui vient, Paris, Seuil

ARCH (Action Research Collective for Hospitality), 2019, Whose Future is Here ? Searching for Hospitality in Brussels Northern Quarter, Bruxelles, Metrolab Brussels

Boltanski L. & L. Thévenot, 1991, De la justification, Paris, Gallimard 

Boudou B., 2018, Le dilemme des frontières, Paris, EHESS

Breviglieri, M., Pattaroni, L., Stavo-Debauge J., 2004, Les choses dues : propriétés, hospitalités, responsabilités. Ethnographies des parties communes de squats militants, Mission Ethnologique du Patrimoine, 333 pages. 

Breviglieri M., 2006, « Penser l’habiter, estimer l’habitabilité », Tracés, 132

Breviglieri M., 2018, « L’affadissement des villes méditerranéennes et la désacralisation de la figure de l’hôte », SociologieS 

Del Biaggio C. & Rey R., 2017, « Contraints de vivre sous terre à Genève : Les exilés et la société civile face à l’accueil indigne », Urbanités, Janvier.

Deleixhe M., 2016, Aux bords de la démocratie, Paris, Éditions Classiques Garnier.

Deleixhe M., 2018, « L’événement de la rencontre », Esprit

Djigo S., 2016, Les migrants de Calais, Marseille, Agone

Felder M., Stavo-Debauge J., Trossat M., Pattaroni L., Drevon G., 2020, “Between hospitality and inhospitality : the Janus-faced arrival infrastructure”, Urban Planning (article en cours d’évaluation)

Pattaroni L., 2016, « La trame sociologique de l’espace », SociologieS

Pattaroni L. (dir.), 2020, La contre-culture domestiquée, Genève, Métis Presses 

Stavo-Debauge J., 2009, Venir à la communauté : une sociologie de l’hospitalité et de l’appartenance, thèse de doctorat, Paris, EHESS 

Stavo-Debauge J., 2014, « L’idéal participatif ébranlé par l’accueil de l’étranger. L’hospitalité et l’appartenance en tension dans une communauté militante », Participations, 9.

Stavo-Debauge J., 2017, Qu’est-ce que l’hospitalité ?Recevoir l’étranger à la communauté, Montréal, Liber 

Stavo-Debauge J., Deleixhe M., Carlier L., 2018, « HospitalitéS », SociologieS 

Stavo-Debauge J., 2018a, « L’oubli de ce dont c’est le cas. Critique, circonstances et limites de l’hospitalité selon Derrida », SociologieS. 

Stavo-Debauge J., 2018b, « The qualities of hospitality and the concept of ‘inclusive city’ » in M. Berger, B. Moritz, L. Carlier, M. Ranzato (Eds), Designing Urban Inclusion, Brussels, Metrolab Series, #1, Nov 2018 

Stavo-Debauge J., 2019, « Pourquoi le ‘don’ de Derrida ne résiste pas à l’épreuve de l’hospitalité », Revue du M.A.U.S.S.

Stavo-Debauge J., 2020, « De quoi (et pour qui) l’hospitalité est-elle une qualité ? », in S. Cloutier, S. Bourgault & S. Gaudet (dir.), Les éthiques de l’hospitalité, du don et du care, Ottawa, Presses Universitaires d’Ottawa (à par. en juin)

Thévenot L., 2006, L’action au pluriel, Paris, La découverte 

Thévenot L., & Kareva N., 2018, « Le pain merveilleux de l’hospitalité », SociologieS

Trossat M., 2019, « Pour des printemps hospitaliers », in ARCH (Action Research Collective for Hospitality), Whose Future is Here ? Searching for Hospitality in Brussels Northern Quarter, Bruxelles, Metrolab Brussels

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Quel âge post-séculier?

Religions, démocraties, sciences

By Joan Stavo-Debauge, Philippe Gonzalez & Roberto Frega (eds.)

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Available at:

http://editions.ehess.fr/ouvrages/ouvrage/quel-age-post-seculier/